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samedi 13 avril 2024

Quand les grévistes ne dirigent pas leur grève (mai 1938)

 


 Article issu de la revue « la révolution prolétarienne » n° 270 du 10 mai 1938

Quelques aspects de la grève des métallos parisiens

 Quand les grévistes ne dirigent pas leur grève

    

    Les meilleurs militants sont sortis de ce conflit profondément dégoûtés. Certes ce n’est pas la première fois qu’ils se trouvent battus. La plupart ont connu des défaites où la rentrée devait s’effectuer parce que, économiquement, la situation n’était plus tenable, mais où la combativité n’était pas amoindrie chez ceux qui rentraient. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Ils sont bel et bien roulés ― les chants de victoire de l’Humanité ne trompent personne ― et ils se rendent compte que dans cette grève tout a été falsifié et maquillé.

    Avant d’entrer dans les détails de la grève, ce qui est à la fois nécessaire et difficile, étant donné la complication du conflit, il faut rappeler les conditions de la rentrée.

L’esprit de juin 36 est battu par l’esprit «défense nationale».

    Les salaires sont augmentés d’une façon dérisoire : 0,75 de l’heure, soit environ 7 %, alors que les revendications ouvrières exprimées en mars parlaient de 18 %, suivant en cela la hausse du coût de la vie...

    Pour la métallurgie non nationalisée et non contrôlée la victoire patronale est plus nette encore.

    Voici ce que disait la Journée Industrielle du 15 avril à propos des différents secteurs de la métallurgie : "S’agissant d’entreprises nationalisées, l’État est à la fois patron et client, et nous venons de voir apparaître l’État arbitre réglant les relations entre l’État patron et l’État client, avec d’autant plus d’aisance que l’opération se fait aux frais des contribuables anonymes et silencieux.

    On n’oubliera pas, espérons-le, qu’il en va autrement pour les industries dont la trésorerie ne se confond pas avec celle du budget et dont l’État n’a pas rempli pour longtemps les carnets de commandes."

    L’arbitrage de Giraud [1] suit ces indications à la lettre, il n’accorde aucune augmentation et se borne à conseiller les 7 % au cas où les 45 heures seraient appliquées dans les ateliers travaillant pour l’industrie de guerre.

    Les ouvriers de la métallurgie sont sûrement pas très forts dans les calculs de statistique, mais il est difficile de les tromper dans la pratique et il est certain qu’en comparaison avec novembre 37, date du dernier rajustement, un même nombre de francs représente une quantité de marchandises considérablement réduite. Ce sont là des mathématiques prolétariennes indiscutables.

    En dehors de l’échec concernant la question des salaires, principal motif de la grève, il reste le désastreux retour à la semaine de 45 heures, c’est-à-dire, pour les usines utilisant les trois équipes, la perte de la journée du samedi. Même pas de compensation du point de vue pécunier, les 5 heures de plus étant payées au tarif normal.

    Le marchandage fut présenté aux grévistes très simplement : "Acceptez les 45 heures, vous aurez les 15 sous d’augmentation". Vrai marché de dupes par lequel tombe une des plus belles conquêtes ouvrières et précisément celle qui paraissait la plus solidement acquise.

    L’esprit de juin 36 a été battu par l’esprit "défense nationale" grâce à tous ceux qui de près ou de loin ont participé à la vague d’Union sacrée, grâce, en premier lieu, au parti communiste français.

QUI A DÉCLENCHÉ LE MOUVEMENT ?

    Dès le lendemain de la grève chez Citroën, l’Humanité et Ce Soir, organes officiels du P.C.F. mettaient les travailleurs en garde contre les excitateurs, les éléments troubles et les provocateurs qui poussaient à la grève. Dans le communiqué des Métaux paru dans l’Humanité il était nommément question des trotskystes et des amicales socialistes, alors que dans le texte envoyé au Populaire ces précisions manquaient [2].

    En réalité, ni les socialistes, ni les trotskystes ne participèrent au déclenchement du mouvement et la mesure dans laquelle ces fractions politiques ouvrières contribuèrent à l’élargissement du conflit est bien faible.

    Les amicales socialistes sont généralement timides dans leur propagande ; elles cherchent surtout à combattre l’influence stalinienne par un travail d’éducation : causeries, vente de journaux, diffusion de tracts. Les questions de salaire ou de revendications corporatives sont rarement traitées. Il faut d’ailleurs remarquer que les amicales furent pendant longtemps placées directement sous la férule des dirigeants réformistes. Le militant principal, Desphilippon, manifesta sa désapprobation de la grève par un communiqué qui constituait un véritable appel à la jaunisse, que la Fédération de la Seine désapprouva énergiquement. La partie révolutionnaire de la S.F.I.O. déploie son activité dans les usines bien plus au sein de la minorité syndicaliste, en compagnie d’autres éléments minoritaires, que comme fraction du parti.

    Dans la plupart des usines, les comités syndicaux sont de tendance communiste officielle et ne comprennent que peu de socialistes, qui ne sont le plus souvent que des figurants ou des otages destinés à "prouver" que l’esprit démocratique dans les métaux n’est pas mort...

    Quant aux trotskystes, leur petit nombre écarte l’idée d’une forte influence, surtout si l’on sait que l’élément ouvrier ne domine pas au P.O.I. Bien qu’ayant mené une propagande soutenue auprès des ouvriers de quelques grandes boîtes, le plus souvent de l’extérieur, leur influence est quasi-nulle, et leurs cellules d’entreprise doivent pouvoir se compter sur les doigts d’une seule main. Cette faiblesse s’explique facilement du reste. Les "purs" ont déclenché une telle campagne de mensonge et de haine dans les entreprises que tout ouvrier classé comme "trotskyste" est discrédité aux yeux de ses compagnons. Il faut ajouter à cela la maladresse de la propagande des partisans de la IVe qui ne peuvent s’empêcher de parler un langage plus ou moins bolchevik-léniniste, truffé de rappels historiques et absolument incompréhensible pour la majeure partie des travailleurs. Bien des mots d’ordre qui auraient pu avoir un certain succès s’ils avaient été exprimés en un langage courant, sont passés inaperçus parce que noyés dans un fatras de formules et associés à des explications où Chang Kaï Chek ou Boukharine surgissaient comme des cheveux sur la soupe. Dans ce domaine, les trotskystes auraient beaucoup à apprendre des syndicalistes révolutionnaires dont ils se moquent si aisément.

    Pour ce qui est des anarchistes, après avoir bataillé pendant plus d’un an pour créer des noyaux de militants au sein des usines ― travail qui aboutit à des résultats appréciables puisqu’une trentaine de groupes fonctionnaient dans les plus grosses boîtes ― ils abandonnèrent cette forme d’activité, après le congrès de l’Union anarchiste, pour se consacrer entièrement au travail minoritaire au sein de la C.G.T.

    L’opposition réelle ― bien que faible ― qui existe chez les métallos parisiens est groupée dans les Cercles syndicalistes lutte de classe qui se sont implantés dans la majorité des usines. Elle groupe des anciens communistes, des anarchistes, des socialistes de gauche, certains oppositionnels, des syndicalistes, unis sur une plate-forme limitée à l’action de redressement syndical.

    Cette minorité a joué un rôle indiscutable dans le dernier mouvement. Plus dans sa préparation peut-être que dans son développement. Poussant à la roue dans toutes les assemblées, travaillant sans cesse les compagnons d’atelier, les opposants ont peu à peu créé l’atmosphère de bataille. Dans l’élargissement du conflit, ils ont constitué également un facteur important. Mais une fois la grève déclenchée, l’appareil communiste les a écartés de la direction du mouvement. La grande confusion des mots d’ordre, le manque de démocratie dans la conduite du conflit ont singulièrement limité leur action.

    En réalité, c’est donc bel et bien le syndicat qui a lancé le mot d’ordre de grève ; chez Citroën, bastion communiste, en premier lieu, et les autres ne débrayeront que quand le centre le voudra bien. Cela ne signifie pas que la direction des Métaux ne fut pas influencée par l’agitation à la base. Cela signifie que, pour partir en grève, l’accord des communistes est indispensable. Comme pour la rentrée, du reste.

    L’appareil est intact, il fonctionne bien. Ça et là, des erreurs de manœuvre peuvent se produire ; dans l’ensemble, ces erreurs sont négligeables. Et il ne faut pas oublier que les "purs" possèdent une base de militants dévoués, courageux, qui, s’ils n’ont rien dans le crâne, ont quelque chose comme estomac.

    Contre eux il ne suffit pas d’avoir raison, il faut encore s’imposer et les vaincre s’il est impossible de les convaincre. Il ne sera possible de les battre qu’en leur opposant, en plus de mots d’ordre nettement ouvriers des équipes de militants qui pourront rivaliser de dévouement et de travail ingrat avec ceux qui sont encore l’oreille de la majorité des travailleurs.

POURQUOI LA GRÈVE NE FUT PAS UNANIME

    A première vue, il paraît étonnant que la grève n’aie pas été immédiatement généralisée, étant donné que le conflit intéressait l’ensemble de la corporation. En examinant le déroulement du mouvement et ses divers rebondissements, il semble bien que la direction syndicale ait voulu tâter le terrain en lançant dans la bataille deux grosses maisons : Citroën, pour l’automobile, et Gnome, pour l’aviation, afin de faire pression sur le gouvernement Blum et sur le patronat sans, cependant, entraver la Défense nationale.

    L’intransigeance patronale, d’une part, l’effervescence dans les usines, d’autre part, l’obligèrent par la suite à élargir la grève qui menaçait d’échapper à son contrôle.

    La division régna dès le départ. Les revendications étaient peu claires, sujettes à variations, suivant les boîtes et le genre de travail. Par exemple, les revendications concernant les salaires n’étaient pas les mêmes dans les différentes usines de chez Citroën. Tout au long des pourparlers, le patronat fit preuve d’un sens de classe élevé en refusant d’accepter des accords différents suivant le genre de fabrication, pour mieux aider les industriels ne travaillant pas pour la guerre ; De son côté, la direction ouvrière cherchait, au contraire, à profiter de ce que l’État était à la fois patron et client, pour exiger de lui qu’il fasse pression sur le patronat, mais elle permettait la dispersion des efforts des métallos en les faisant rentrer suivant les promesses d’arbitrages, après les avoir fait débrayer les uns après les autres.

    Nulle part, les mots d’ordre ouvriers n’arrivèrent à s’unifier ; nulle part, il n’y eut une liste de revendications claires, permettant une agitation dans l’opinion publique.

    Les conséquences se firent sentir surtout dans les petites entreprises ne travaillant pas pour la guerre exclusivement. Ainsi, à l’Alsacienne (câbles électriques à Clichy), 443 ouvriers votèrent contre la grève et 80 seulement pour, 7 s’abstenant. Ce vote eut lieu après une agitation menée par les professionnels. A Westinghouse (Sevran), le vote donna la même proportion ; résultats identiques dans diverses boîtes de Courbevoie.

    Le trouble augmenta dans de nombreuses usines après que le brusque démarrage se fut effectué, succédant au freinage du début.

    Un autre élément de division vint s’ajouter par la lutte entre les Métaux stalinisés et la Fédération des Techniciens. Cette dernière, non conformiste, était résolument adversaire des 45 heures, et les camarades placés à sa tête sont l’objet d’attaques incessantes de la part des dirigeants communistes de la fédération ouvrière, qui cherchent à dissoudre l’organisation des techniciens en les faisant rentrer dans les syndicats ouvriers. Dès le début de la grève, il y eut un certain flottement parmi les techniciens, flottement aggravé par la position imprécise de leur fédération soumise aux pressions les plus diverses.

    De là les votes contre la grève dont la presse bourgeoise fit grand état. Par la suite, les "collaborateurs" redressèrent la situation et parvinrent, in extremis, à sauvegarder leurs intérêts. A remarquer que les techniciens déjà groupés au sein des métaux, c’est-à-dire la fraction communiste, abandonnèrent la grève les premiers, dans une série d’usines.

LA CONDUITE LOCALE DES GRÈVES

    Le conflit a permis de vérifier l’importance et le bon fonctionnement des services du P.C. Orchestrer une partition où le rythme et les thèmes changent à tout bout de champ n’est pas chose facile. Mais les hommes du P.C. ont subi un tel entraînement que toutes les volte-faces leur sont permises. Certes, il y eut de durs moments pour les pauvres bougres, secrétaires de section qui devaient opérer un grand tournant en 24, ou parfois 12 heures. Mais épaulés par la presse quotidienne, soutenus par les ténors des centres, utilisant les moyens les plus vils et les plus bas, ils triomphèrent. Là, comme chez Lioré-Olivier (Clichy), où ils devaient lutter contre une opposition ferme et nombreuse, ils employèrent les petits moyens misérables : le vote au moment de la soupe, devant les ouvriers qui attendaient la sortie avec impatience, le mensonge des usines voisines reprenant le travail ; ils furent aidés en cela par la fatigue générale des ouvriers et la crainte chez les minoritaires de se retrouver à la tête d’un conflit saboté et désorienté.

    En règle générale, il n’y eut pas de comité de grève désigné. Ce furent les C.E. qui s’imposèrent pour diriger la grève. Les assemblées générales furent inexistantes ou rares. Le micro fut monopolisé par les caïds du centre. Les minoritaires ne purent donc s’exprimer que dans les réunions de secteur ou d’équipe. Là où ils purent accidentellement prendre la parole et s’exprimer devant les grévistes, ils remportèrent un succès net. Chez Gnome et Rhône, un minoritaire dressa l’assemblée contre les 45 heures. Et il fallut deux jours de travail en sens opposé pour les faire accepter secteur par secteur. Détail curieux pour la psychologie ouvrière : dans les coins où les minoritaires bataillaient dur, les "maillots jaunes" vinrent peser de tout leur poids et enlevaient de fortes majorités. Dans un atelier où les minoritaires ne s’étaient pas manifestés, la cellule envoya un orateur quelconque et... la thèse des 45 heures fut proprement battue.

    À l’Alsthom (Lecourbe), où les communistes sont minoritaires, la rentrée ne fut décidée que devant l’attitude générale des autres usines. Chez Gardy, les staliniens utilisèrent des arguments tellement démagogiques pour le déclenchement d’une grève de solidarité que les ouvriers flottèrent longtemps et, finalement, continuèrent à travailler. Chez Lavalette (Saint-Ouen) la rentrée s’effectua à contrecœur, et une énergique protestation blâmant la direction fut votée.

    À remarquer que ni la Fédération, ni l’Union des Métaux n’acceptèrent de porter le poids du conflit et n’allèrent jamais plus loin que la solidarité morale.

    Mais pour la rentrée, l’Union prit "ses responsabilités" en ce sens qu’elle exigea que ses membres s’inclinent devant les accords provisoires tripartites. Chez Bendix (Saint-Ouen), la tactique changea du jour au lendemain : aux exhortations à la grève à outrance succéda un appel à la sortie, les flics devant arriver !

PAS D’ARGENT !

    Financièrement, la grève fut pauvre. Les caisses syndicales étaient vides. Il faudra revenir un jour sur cette question et se demander si le Syndicat est devenu un centre de loisirs, qui achète des châteaux, ou s’il est reste un organe de lutte qui doit se préparer des fonds de résistance.

    Les grévistes touchèrent royalement 20 fr. pour la durée de la grève. Comme la plupart ne s’attendaient pas à ce que le conflit dure aussi longtemps, les grognements contre la gestion financière se firent nombreux, les statuts prévoyant 5 francs de secours par jour de grève. La C.G.T. se fendit royalement de 25 000 francs au moment où il y avait environ 50.000 grévistes. L’effort de solidarité ne se manifesta pas avec l’intensité habituelle. Du reste, il faut bien avouer que la sympathie des autres corporations fut tiède ; quand l’esprit de lutte disparaît avec l’espoir de vaincre, les jalousies surgissent.

LES MANŒUVRES PATRONALES

    La pression patronale s’exerça tout au long de la grève. Les lettres individuelles furent régulièrement envoyées. Elles ne cherchaient pas tellement à détacher immédiatement des groupes pouvant imposer la cessation du conflit, mais seulement à créer un climat favorable à la désagrégation. Dans différents endroits, des comités indépendants se formèrent, mais leurs meetings furent déserts. Ainsi une réunion convoquée à la Mutualité par la doriotiste "Liberté" ne réunit qu’une centaine d’auditeurs appartenant à des formations corporatives ou syndicales différentes et d’où rien ne sortit, sinon des résolutions d’un servilisme écœurant.

    L’intransigeance des industriels se manifesta jusque dans les détails. Chez Gnome et Rhône, fidèles au mot d’ordre syndical, les ouvriers se rendirent en masse devant les portes, le mardi, jour de la rentrée. La direction leur fit part de sa décision de ne rouvrir les portes que le jeudi. Or, cette maison n’avait aucune raison de retarder la rentrée, les grévistes ayant préparé le travail avant la sortie. Néanmoins, les dirigeants locaux firent évacuer, et l’après-midi, un acompte fut payé, la paye étant assurée par quelques employés, obligeant les grévistes à attendre de longues heures.

LES DESSOUS

    Dans le Populaire du 17 au 22 avril, Vincent Auriol a publié une longue étude sur les grèves. Il s’est surtout attaché à laver son ami Blum des accusations lancées contre lui, et pour ce faire, proteste énergiquement des bonnes intentions de celui-ci, aussi bien envers les ouvriers qu’en ce qui concerne la défense nationale.

    Sans nous attarder au côté politico-parlementaire de l’affaire, retenons de ces articles que les patrons, appuyés par le Sénat, rejetèrent les propositions Jacomet sous Blum et acceptèrent ces mêmes propositions sous Daladier. Retenons également que les "100 %" furent beaucoup plus sages pour Daladier que pour Blum, et prêtèrent indirectement la main aux sénateurs contre le gouvernement à direction "socialiste". Remarquons surtout que le syndicalisme qui faisait trembler la bourgeoisie en 1936, fait aujourd’hui antichambre dans les ministères et recherche les meilleures méthodes de participation à la défense nationale. Les deux ans de colonisation, les dizaines d’années de réformisme portent leurs fruits.

    Quel fut le prix de la grève ? Quels furent les termes du marchandage ? Certaines garanties de la part de Daladier au sujet du pacte franco-russe ? Des promesses pour l’Espagne ? Des garanties pour que le néo-pacte de Stresa ne se transforme en nouveau pacte à quatre au grand dommage de l’U.R.S.S.? Le renforcement des mesures contre les étrangers blancs ou non orthodoxes ?

    La diplomatie secrète qui a cours dans le mouvement ouvrier ne nous permet pas de le savoir à coup sûr. Encore une fois, ce qui nous importe, c’est de savoir que la grève n’appartint pas aux grévistes et que leur mouvement fut négocié par des éléments syndicalement irresponsables.

    Pour montrer à quel degré le patriotisme est devenu de mode chez les "purs", il est bon de dire qu’une proposition du camarade Lemire, tendant à ajouter à une résolution, sur la paix un paragraphe saluant les métallurgistes antifascistes allemands en lutte contre Hitler, fut rejetée par tous les "antifascistes" bellicistes de la III° Internationale.

LES RÉPERCUSSIONS

    Il a été question, au début de ce papier, du désarroi qui règne actuellement chez les métallos.

    Dans tous les milieux, dans toutes les tendances, le découragement sévit.

    Il faut s’attendre à une baisse importante des effectifs. Certains parlent de 20 %. Ces défections comprendront non seulement les ouvriers hésitants et sans tradition syndicale, qui cherchent surtout à conserver un emploi somme toute stable et relativement bien rémunéré, mais aussi de bons éléments syndicalistes qui ne peuvent plus respirer l’atmosphère d’un syndicalisme de caserne.

    Les "professionnels" du P.S.F. et les divers comités patronaux, sans devenir des organisations numériquement importantes, ont cependant gagné en influence, en spéculant sur la fatigue et surtout sur l’anticommunisme, sans contre-partie révolutionnaire. Ils mordent principalement sur les employés et techniciens.

    La C.G.T.S.R., qui possède quelques adhérents dans plusieurs usines, ne joua pas un rôle actif, sauf en certaines occasions précises comme pour la chasse aux jaunes chez Citroën.. Boycottée sévèrement par les dirigeants locaux, desservie par ses fautes sectaires, elle recueillera cependant un certain nombre de militants dégoûtés, mais pas dans une proportion telle que ses sections puissent prendre figure de syndicats.

    Quant aux minoritaires, leur influence a grandi au cours du mouvement, grâce à leur combativité et à leurs positions nettes. Mais eux-mêmes en arrivent à douter du redressement régulier et patient de la Fédération des Métaux où la démocratie ouvrière est bafouée. La lutte ne se mène pas à armes égales. Des facteurs extérieurs, incontrôlables, pèsent sur la vie syndicale. L’adversaire du syndicalisme se trouve être le syndicat lui-même, le syndicat bureaucratisé, intégré à l’appareil, instrument aveugle aux mains d’un comité supérieur inaccessible.

    Les syndicalistes révolutionnaires sentent combien la plupart des syndicats sont devenus des pions sur l’échiquier politique, à côté d’autres pièces comme Ce soir, à côté d’organisations comme le Parti Camille-Pelletan, comme les radicaux stalinisés, à côté d’entreprises comme France Navigation, ou encore comme le Guépéou français.

    La question se pose brutalement. Pour lutter dans les syndicats, il faut qu’il y ait encore des syndicats, c’est-à-dire des organisations de travailleurs se régissant par les décisions des seuls adhérents. Si les syndicats existants répondent à cette définition, la lutte des minoritaires peut se poursuivre, le libre jeu de la démocratie peut les faire triompher. Sinon, bonne ou mauvaise, l’idée de la scission fera son chemin...

RIDEL

 

 Notes


mercredi 28 février 2024

RÈGLEMENT INTÉRIEUR du FONDS CONFÉDÉRAL de SOLIDARITÉ en CAS de GRÈVE depuis le 1er janvier 2023

    La Commission Exécutive Confédérale a adopté le 15 décembre 2022 un règlement du Fonds de solidarité en cas de grève (voir plus bas).

    En voici l'essentiel (si nous avons comp
ris...😅) :

    • l’aide est réservée aux adhérents Force Ouvrière à jour de leurs cotisations ;
    • l’aide doit être demandée par le Syndicat ou la Section syndicale touché(e) par le conflit, dès que l’arrêt de travail atteint une durée de 3 jours (journées entières de grève) ;
    • l’aide minimale est de 30 € par jour de grève.

    La demande s'effectue après 3 jours de grève pour le même motif (aide versée à partir du 1er jour de grève).